lundi 27 septembre 2010

Une nouvelle génération d'Européens

L'Europe est en panne. C'est aujourd'hui le continent qui est le plus en perte de vitesse du monde entier. L'Europe ne pêche pas que par l'incapacité de ses dirigeants à porter des propositions politiques justes et innovantes. Elle est aussi en difficulté sur le plan économique, financier, monétaire car elle est au coeur de toutes les contradictions. Elle souffre enfin de son manque de gouvernance, de son incapacité à décider. Le traité de Lisbonne était supposé nous donner les moyens pour conduire des politiques. Aujourd'hui, nous sommes face à une dilution de l'autorité européenne en un nombre sans fin de responsables : le président de la Commission, le président de l'Eurogroupe, celui de la BCE, celui du Conseil Européen, les 27 chefs d'Etat et de gouvernement... Ce phénomène est structurel et durable.

La faiblesse du sentiment européen est à mon sens une des causes majeures de ce phénomène. Celui-ci fût d'abord entretenu par la volonté de sauvegarder la paix à la suite de la Seconde Guerre Mondiale, dans un contexte de fort dynamisme économique. Ensuite, et en particulier en France, c'est l'illusion que l'Europe pourrait être un moyen pour faire "la France en grand" et au moindre effort qui permis de mettre en place l'Euro à la suite des traités de Maastricht et Amsterdam puis dans une version moins glorieuse, d'adopter les traités de Nice et de Lisbonne. Le sentiment européen était déjà subordonné à l'intérêt national. Ce modèle fût lourdement remis en cause par la chute du mur de Berlin et l'intégration des pays de l'Est. Plus encore, lors du Conseil du 14 juin dernier, le consensus franco-allemand sur la gouvernance s'est brisé. Nicolas Sarkozy a cédé face à la thèse allemande : la gouvernance sera celle de l'Union à 27 et non celle de la zone euro.

L’Auberge Espagnole, de Cédric Klapish, symbolise le phénomène “Erasmus”.
Pourtant, il y a à mon sens des phénomènes concrets qui permettent d'espérer pour l'avenir. La montée en puissance (par une plus grande participation aux scrutins, par l'accession à des responsabilités dans la société) de la "génération Erasmus" est le premier d'entre eux. Entre 1987, l'année de sa création et 2007, le programme Erasmus a permis à 1,5 million d'étudiants de participer à des échanges universitaires entre pays européens partenaires. C'est la renaissance en germe de cette Europe intellectuelle de la Renaissance. Mais d'autres facteurs ont pu accentuer ce phénomène d'habituation à l'identité européenne ("Unie dans la diversité"). L'augmentation des pouvoirs du Parlement Européen et la possibilité pour les citoyens et les associations de répondre à de très nombreuses consultations publiques est à même de créer un maillage plus fin du territoire et des actions transnationales. Les espaces publics nationaux sont beaucoup moins cloisonnés sur Internet qu'à la télévision (voir par exemple l'écho important de l'histoire de cette blogueuse suédoise sur la blogosphère française : http://bit.ly/csjQbr) et la barrière de la langue peut être abaissée plus facilement par la pratique quasi-forcée de l'anglais. Sur un plan plus économique, l'essor des compagnies aériennes low-cost encourage fortement à la mobilité (vacances, travail, week-ends...).

Certaines questions restent encore en suspens notamment la possibilité d'émergence d'un grand webmédia européen. Il existe déjà http://www.euractiv.fr/ mais il est réservé à un public d'initiés. Quant à http://owni.fr/, il s'attaque depuis quelques semaines à la Belgique, ce géant attendu sera-t-il d'origine française ? On peut également s'interroger sur la pénétration de ce nouveau sentiment européen parmi les franges les moins aisées et les moins cultivées de la population. Des phénomènes de rejet se manifesteront sans aucun doute.

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